Madagascar.. L’île rouge.
Notre arrivée sur les hauteurs d’Antananarivo (Tananarive) se fait au petit matin sous la fraîcheur et sous un temps breton. A peine arrivé à l’immigration, les porteurs se disputent à qui prendra nos bagages. Soit vous laisser partir vos bagages pour une minute de trajet avec un pourboire à la clé, soit d’autorité vous gardez votre bagage avec vous sous les regards incompréhensifs des porteurs. Difficile d’apprécier la décision à prendre dans la spontanéité des faits et de faire le bon choix pour ne décevoir personne. Ce détail pourrait paraître anecdotique dans un voyage mais nous y serons confrontés plusieurs fois et il en dit long sur l’état de pauvreté de la plupart des habitants prêt à se battre pour quelques ariarys.
Avant notre correspondance nous avons grandement le temps de retirer du liquide au mini guichet faisant office de banque et de prendre un solide café car la journée va être longue et notre trajet est loin d’être terminé. Après une bonne heure de retard, nous embarquons pour remonter l’île vers le Nord direction Antsiranana (Diego Suarez). Les nuages se sont éparpillés et l’île rouge est sous nos pieds. Vu du ciel, Madagascar nous apparaît dans un dégradé de rouge et serpentée de fleuves ocres jaunes. Aucune route à l’horizon, quelques chemins de terre partent des nombreux petits villages et perdent traces après quelques centaines de mètres.
Après quelques heures de vol et un atterrissage un peu rude, nous débarquons à Diégo Suarez. L’aéroport est minuscule et nous ne perdons pas de temps à récupérer nos bagages. Dès notre sortie, un taxi nous attend pour nous emmener à notre hébergement. Après avoir mis nos bagages sur le toit, nous voilà en route à cinq dans la 4L. La plupart des taxis de Diego sont des 4L importées de France quand elles étaient encore en construction. Elles ont malheureusement tendances à disparaître, remplacées par des tuc-tucs asiatiques.
La banlieue de Diego nous emporte au cœur des images reçues des pays africains : Des baraquements aux bords de la route ou se côtoient les chiens, les poules, les enfants, les ordures et les vendeurs de légumes. Les routes sont parfois goudronnées et la vitesse est de toute façon impossible. C’est entre 30 et 40 km à l’heure que nous rejoindrons notre destination finale. En chemin, nous découvrons la magnifique baie de Diego Suarez, deuxième par sa superficie après celle de Rio. Elle possède aussi son pain de sucre, le Nosy Lonjo reconnaissable de loin.
Au Sakalava Lodge, nos cabanons de bois et de paille sont directement sur la plage et nous disposons de tout ce que peut attendre un européen en matière de confort : grand lit, wc, douche et espace. Nous accueillerons même pendant notre séjour de nombreux spécimens de la faune local dont mini fourmis (par millier), souris, araignées et autres espèces inconnues. Heureusement que la couleuvre locale (énorme) venait chercher régulièrement son déjeuner sous notre case et nettoyer les combles. Bref, nous étions superbement installés face à la plage et directement sur le spot de kite. Les repas au lodge sont délicieux et l’ambiance sympathique. Nous formons, avec d’autres francophones, une petite troupe
autour de la table. Ensemble nous projetons de faire quelques excursions alentours dont le marché de Diégo et une journée sur la mer d’Émeraude.
Le marché de Diego est une attraction à lui seul. Au cœur de la ville, le marché s’étend sur plusieurs hectares. Ici ce sont les légumes et les fruits, là ce sont les poissons et la viande, dans un autre coin se trouve l’habillement ou encore la quincaillerie, le bricolage, et les marchands de toutes sortes. Vous pouvez assister sur place aux réparations de téléphone portable, à la création de sandales avec des pneus de voitures et bénéficier de petits services inimaginables chez nous. Les odeurs et les couleurs de l’Afrique sont aux rendez vous. On profite du marché pour acheter de la vanille, un superbe panier et déguster des litchis frais cueillis.
Au camp, la journée se déroule entre kite, balades à pied, farniente et rencontre avec les lémuriens. Ce sont des moments exceptionnels, qui valent le voyage à eux seuls, que de pouvoir se laisser approcher et toucher par ces animaux en liberté. Vivant en groupe dans les arbres autour des cases, ils descendent de temps en temps et si vous leur présentez des fruits ils viennent sur votre épaule pour les déguster. Leurs gestes sont précis, doux et les makis de Sakalava n’ont jamais manifesté aucune agressivité envers nous.
On se prépare pour une journée dans la mer d’Emeraude. Les sacs de kite sont enfournés dans la vieille 403 camionnette avec les passagers. Malgré l’âge du véhicule et les bancs de bois, le voyage est plus confortable qu’imaginé sur le chemin menant à Ramena. On embarque dans un boutre pour traverser l’entrée de la baie de Diego aussi appelée baie des Français. La mer est légèrement agitée avec les courants de la mer descendante s’engouffrant dans le goulet et affrontant la houle du large. Après une halte, pour débarquer les kiteurs et le matériel, le boutre repart vers l’îlot Suarez tandis qu’on enfile nos planches pour une navigation freeride sur la mer d’émeraude.
Après deux bonnes heures de glisse, d’aller en retour et une visite au lodge de Babaomby, les kites rejoignent l’ïlot Suarez pour un pique nique avec au menu du poisson grillé, un délice…Après une petite sieste à l’ombre, des baignades de rêve entrecoupées de jeu avec les enfants sur la plage, le retour se fait en boutre, pour rejoindre en fin de soirée le village de pêcheurs de Ramena que nous profitons de visiter.
Après une semaine, nous quittons Sakalava pour l’île de Nosy Be. Notre périple nous fait traverser Madagascar sur toute la largeur et rejoindre Nosy be en speed boat. Si la traversée en voiture s’est déroulée sans encombre avec une vitesse très adaptée à la visite due aux routes défoncées, le trajet en bateau est un peu sportif. Dix passagers, deux énormes moteurs hors bord, les bagages à tremper dans les fonds et c’est parti à fond les manettes. Ça secoue, ça fait du bruit mais on est arrivé à Helleville sans dommage c’est le principal.
Nosy Be est une petite île à l’ouest de Madagascar, ici pas de kite car le vent est absent mais le site est réputé pour ses spots de plongée. Nous descendons à l’hôtel Coco Plage à Ambatoloaka. L’île est pourtant réputée dans le monde entier, la situation politique du pays a fait fuir le touriste de masse. Un autre tourisme est très développé avec des vieux messieurs européens et de très jeunes malgaches mais c’est une autre histoire qui, malgré tout, ne facilite pas le contact avec les habitants. Pourtant nous aurons l’opportunité de dîner dans une famille malgache et ce fut une rencontre riche en émotions.
Si les paysages de Nosy Be sont paradisiaques, nous avons franchement préféré notre séjour à Diègo Suarez par le côté plus authentique et le contact plus sincère des habitants.
Madagascar est vraiment très belle et quel dommage que les politiques, malgré l’aide internationale, laissent ce pays en état de délabrement et où tout peut arriver le meilleur comme le pire.
Mais pour le meilleur, nous, on retournerait bien là-bas…..
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